dimanche 8 juillet 2007

Croisières marines et rêveries aquatiques

Nous vous proposons un peu de fraîcheur marine et d' embruns pour ce mois de Juillet

Par Charles Baudelaire


Homme libre, toujours, tu chériras la mer !

La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme

Dans le déroulement infini de sa lame,

Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;

Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur

Se distrait quelquefois de sa propre rumeur

Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :

Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,

O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,

Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables

Que vous vous combattez sans pitié ni remord,

Tellement vous aimez le carnage et la mort,

O lutteurs éternels, ô frères implacables !

Et la Mer et l'Amour Pierre Marbeuf (1596-1645)


Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,

Et la mer est amère, et l'amour est amer,

L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,

Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,

Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,

Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,

Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,

Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes



Extrait d’Oceano Nox de Victor Hugo


O combien de marins, combien de capitaines

Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines

Dans ce morne horizon se sont évanouis!

Combien ont disparus, dure et triste fortune!

Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,

Dans l'aveugle océan à jamais enfouis!
Combien de patrons morts avec leurs équipages!

L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages

Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots!

Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.

Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée;

L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots!



Extrait du poème d’Emile Verhareen 1855-1916

La mer est belle et claire et pleine de voyages.

A quoi bon s'attarder près des phares du soir

Et regarder le jeu tournant de leurs miroirs

Réverbérer au loin des lumières trop sages ?

La mer est belle et claire et pleine de voyages

Et les flammes des horizons, comme des dents,

Mordent le désir fou, dans chaque coeur ardent :

L'inconnu est seul roi des volontés sauvages

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