dimanche 22 mai 2011

Textes d'auteurs sur la pluie

Quelques livres qui parlent de la pluie, tous des coups de coeur.
Lundi 23 Mai les troisième de la Maison familiale rurale de BARBASTE viennent à la bibliothèque et je leur présenterai ces livres et des brochures toutes différentes à lire, emporter et illustrer. Une petite bibliographie jeunesse "Escargots et pluies" est aussi en préparation. Nous allons recevoir Mardi 7 juin le foyer adulte médicalisé l'Essor de Castel-Moron.
Notre exposition attire tout le département.

J'ai gardé ces extraits pour vous permettre de lire en espérant que cette année ne sera pas une année de sécheresse.

Pourquoi j'aime tant la pluie avant qu'elle tombe et après:
la patience de l'attente me réjouit et après pour ses odeurs et la nature qui nous rappelle qu'elle est là et n'oubliez pas que sans cette eau du ciel, je ne crois pas que nous serions ici sur cette belle planète.

Mais tous ces auteurs vous en parleront mieux que moi.

L’anglais qui gravit une colline mais redescendit de la montagne

Christopher Monger P 183

Au pays de Galles, on disait qu’il vase, qu’il flotte, qu’il sauce, qu’il pleuvasse, qu’il pleuvine, qu’il pleuvote ou que ça crachine qu’il tombe des cordes et des hallebardes, qu’il pleut à verse, à seaux , à torrents et comme vache qui pisse. On dit que la pluie cingle, qu’elle fouette, qu’elle transperce. On parle de cataracte, de déluge, de bonne pluie, de mauvaise pluie, de pluie envoyée par Dieu et de pluie du diable. De la pluie qu’on n’a pas volée et de celle dont on se serait bien passé. De la pluie qui dure, de la pluie attendue ailleurs et même parfois de la pluie prévue pour ailleurs, cet ailleurs se trouvant probablement aussi au pays de Galles. Les Gallois ont des petites pluies, de grosses pluies, des pluies battantes et des pluies diluviennes. Des pluies chaudes et des pluies froides. Eh oui, il pleut tellement au Pays de galles que les habitants ont besoin, pour en parler avec un minimum de précision, d’un tas de verbes et d ‘épithètes sans équivalent nulle part ailleurs .


Mon Antonia de Willa Cather
P 134 « Une fois, il y eu un bel orage électrique, avec trop peu de pluie pour risquer d’abîmer le grain déjà coupé. Les hommes allèrent se coucher dans la grange aussitôt après dîner. La vaisselle faite, Antonia grimpâmes sur le toit en pente du poulailler pour regarder les nuages. Le tonnerre faisait des roulements métalliques semblables au bruit des tôles agitées, et les éclairs surgissaient, traçaient des grands zigzags à travers le ciel, faisaient apparaître les choses et les rapprochaient de nous l’espace d’un instants. Le ciel d’un côté était chargé d’un damier de gros nuages d’orage tout noirs alors que vers l’est, il était clair et lumineux ; la partie avec les nuages en damier ressemblait à un pavement de marbre, comme le quai de quelque ville portuaire, vouée à la destruction. De grosses éclaboussures de pluie tiède tombaient sur nos visages tournées vers le ciel. Un nuage noir pas plus gros qu’une barque, dériva et entra dans l’espace clair, tout seul, et avança régulièrement vers l’ouest. Tout autour de nous, nous entendions le battement feutré des gouttes qui s’écrasaient dans la poussière molle de la cour de la ferme. »

Pas facile de voler des chevaux de Per Petteson p565

"Le ciel était plus noir qu'en pleine nuit. Dans le chalet mon père avait allumé la lampe, je voyais une lumière jaune et chaude aux fenêtres et de la cheminée montait une fumée grise que la pluie rabattait sur le toit. Pluie et fumée s'écoulaient le long des tuiles d'ardoise comme une soupe grisâtre. C'était étrange à voir.Nous entendions la pluie frapper contre le toit, il pleuvait sur la rivière et la barque de Jon, sur la route et sur les champs de Barkald, il pleuvait sur la forêt et les chevaux dans l'enclos et sur les nids d'oiseaux dans les arbres, il pleuvait sur les élans et sur les lièvres et sur le toit de chaque maison du village.


La pluie avant qu’elle tombe de Jonathan Coe
Tu comprends, ça n'existe pas la pluie, avant qu'elle tombe. Il faut qu'elle tombe, sinon ça n'est pas la pluie. C'était un peu ridicule de vouloir expliquer ça à une enfant, et je regrettais de m'être lancée là-dedans. Mais Théa ne semblait avoir aucun mal à saisir le concept - bien au contraire: au bout d'un instant, elle m'a regardée avec pitié en secouant la tête, comme si c'était éprouvant pour elle de discuter de ces matières avec quelqu'un d'aussi obtus. "Bien sûr que ça n'existe pas, elle a dit. C'est bien pour ça que c'est ma préférée. Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux, pas vrai!

Toujours avec toi de Marie Ernestan
Une ombre planait sur le jardin, sur ses feuilles mortes et ses branchages nus. Des gouttelettes d'eau scintillaient sur les tiges. Les pierres luisaient, humides. Réminiscence de la première bouffée d'air matinal, au commencement des vacances, lorsque l'on a encore de longues semaines devant soi pour profiter de l'été. Une sensation d'ouverture, de libre circulation entre intérieur et extérieur. Elle s'assit sur les marches, but une gorgée de thé et se remémora le passé.

La petite dame en son jardin de Bruges Charles Bertin
Page 17 Mais la véritable fête, c’est la lumière qui me la donnait: les jeux conjugués de la pluie et du soleil transformaient mon repaire de verdure en une manière de grotte océanique où tous les tons du vert, du jade au céladon, de l’émeraude à l’aigue-marine, rivalisaient dans cette pénombre élyséenne criblée de rayons. La plus mince ramure baignait dans une mousse de lumière dorée qui paraissait puiser son éclat à quelque fabuleuse source intérieure. Je ne me lassais pas de contempler à travers l’épaisseur du feuillage encore nappé de pluie, mais d’où montaient déjà les premières vapeurs, l’irisation des gouttes suspendues qui, durant un moment dont j’aurais souhaité prolonger les délices, continuaient l’une après l’autre à se détacher, comme à regret, de l’extrême pointe des feuilles vernissées. Je ne savais pas encore que je découvrirais dans cet avènement éphémère d’une œuvre de la nature une préfiguration du plaisir que je trouverais un jour dans les accomplissements de l’art des hommes.

Une année à la campagne de Sue Hubbell
P 211 Tous autant que nous étions, facteurs ruraux compris, nous comptions tous sur une bonne pluie pour tasser la boue. C’est le règne de la boue. Après l’hiver rigoureux, où le sol est resté gelé sur trente centimètres ou plus, le temps est devenu brusquement chaud et ensoleillé et la terre s’est très vite réchauffée. Les cristaux de glace contenus dans le sol argileux ont fondu et par endroits sur les routes secondaires dépourvues d’assises en pierre ou en gravier, l’argile s’est transformée en une matière qui évoque un pudding au chocolat. Nous disons que les routes ont perdu leur fondement. Il faut une bonne pluie pour tasser la boue. Je me rappelle, la première année où j’ai habité ici, avoir trouvé cette affirmation étrange. Je ne sais toujours pas très bien comment opère toute cette chimie, mais rien de tel que des trombes d’eau pour stabiliser les routes et les transformer les plaques de pudding au chocolat en surfaces dures. En cette période boueuse, les facteurs ruraux sont obligés de renoncer à une partie de leur tournée et certaines personnes sont aussi isolées que par la neige.

Boîte aux souvenirs de Margaret Forster
J’observais la mer entre mes paupières mi-closes, la pluie ruisselant sur le bord de mon capuchon, cinglant ma joue droite même si elle ne traversait pas le tissu imperméable. Il me collait à la peau, froid et humide, mais je n’osais pas le déplacer. La mer devant moi, tout en bas, était affreuse, noire et âpre, la crête des vagues gonflées d’un brun grisâtre comme de la bière et l’écume blanche pas blanche d tout mais plutôt ivoire sale. De temps en temps, je regardais par l’objectif de mon appareil, protégé tant bien que mal par un parapluie transparent plus petit à l’intérieur du plus grand où je voyais la même chose : des groupes serrés de mouettes volant si vite qu’aucun obturateur ne parvenait à saisir leurs mouvements et à obtenir plus qu’une tache floue. Il y en avait des centaines, que la mer repoussait en grandes giclées furieuses. Elles étaient projetées tr ès haut au-dessus des vagues, qui ne cessaient de s ‘abattre sur les galets, le long du rivage, les martelant sans répit. Je n’avais jamais rien vu de comparable à cette terrible violence du vent et de l’eau, vibrant d’une telle furie. Les oiseaux semblaient à la merci de ces éléments déchaînés qui pourtant ne parvenaient pas à les dompter : inlassablement ils étaient projetés vers la terre, puis poussés plus haut encore dans l’air pour foncer de nouveau vers l’horizon où ils reprenaient leurs efforts.

Ma famille et autres animaux de Gérald Durrell

Quelques jours plus tard, de petits nuages blancs ouvraient leur parade d’hiver. Ils s’attroupaient dans le ciel, moelleux, joufflus, échevelés et, les poussant devant lui comme un troupeau de moutons, le vent se levait. D’abord, il était tiède et s’élevait en bouffées légères, effleurant les feuilles des oliviers qui prenaient des tons argentés, berçant les cyprès qui ondulaient doucement et soulevant les feuilles mortes qui tourbillonnaient en de petites danses joyeuses. Avec enjouement, il ébouriffait les plumes des moineaux, qui frissonnaient et gonflaient leur jabot. Il se jetait avec avertissement sur les mouettes, qui arrêtées en plein vol, devaient courber leurs ailes pour lui résister. Les volets se mettaient à claquer et les portes à cogner. Mais le soleil brillait encore, la mer restait paisible et les montagnes gardaient un air serein sous leur chapeau de neige. Pendant une semaine environ, le vent jouait ainsi avec l’île. Puis survenait une accalmie, quelques jours de paix étrange.Et soudain, au moment où l’on s’y attendait le moins, le vent revenait. Mais c’était un tout autre vent, furieux,mugissant, hurlant, qui se jetait sur l’île et essayait de la pousser à la mer. Le ciel bleu se couvrait de nuages gris, la mer se colorait d’un bleu profond, presque noir, et s’incrustait d’écume. Comme de sombres balanciers, les cyprès oscillaient et se découpaient dans le ciel et les oliviers, qui, tout l’été, avaient un air paisible de vieux sorciers, étaient gagnés par la folie du vent, mais c’était une pluie chaude et agréable sous laquelle on pouvait marcher, dont les grosses gouttes crépitaient.

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